Suttas

Sutta : "Nom donné à tous les textes réputés consigner les paroles même du Bouddha.", Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Philippe Cornu, Seuil. Voici un site qui présente des traductions de suttas de http://www.accesstoinsight.org. Pour comprendre les suttas je vous conseille L'ensignement du Bouddha de Walpola Rahula chez Points et Le Chemin de la pureté de Buddhaghosa chez Fayard pour approfondir.

07 décembre 2005

Le bouddhisme, le désarmement et la paix par Vénérable Walpola Rahula

Pour une fois que ce n'est pas un sutta, ça vous changera. Pour plus d'infos voir King Asoka and Buddhism par Anuradha Seneviratna (en anglais).

"Il est impossible d’avoir une paix véritable et durable en brandissant la peur". Vénérable Walpola Rahula (1906-1997)

Docteur en philosophie et directeur de l’université de Kelaniya, au Sri-Lanka, le Vénérable Walpola Rahula (1906-1997) a vécu vingt cinq ans en France où il a enseigné le Dharma. Sa prodigieuse érudition, tant dans la langue pâlie que dans le canon orthodoxe, lui a valu de recevoir le titre de Agamaha Pandita, la plus haute distinction en Birmanie.

Le Bouddhisme est fondé sur la grande compassion, mahakaruna et la grande sagesse, mahâ pannâ. En termes généraux, la compassion signifie l’amour, la générosité, la gentillesse, la pitié et la tolérance ainsi que d’autres émotions ou qualités nobles. La sagesse représente le coté intellectuel, la faculté de voir les choses telles qu’elles sont ou encore les qualités de l’esprit. Afin d’être parfait nous avons besoin de développer les deux pareillement.

L’enseignement du Bouddha est fondé sur le vaste concept de l’amour et de la compassion universelle envers tous les êtres vivants et c’est de là que découle le comportement éthique des bouddhistes que cela soit dans le domaine social, économique ou politique. Il est regrettable que de nombreux érudits oublient ce grand idéal de l’enseignement du Bouddha et s’adonnent à des analyses philosophiques et métaphysiques qui restent très abstraites quand ils parlent et écrivent sur le bouddhisme. Le Bouddha a enseigné pour le bien et le bonheur de tous, par compassion pour le monde. Dans le comportement éthique qui se base sur l’amour et la compassion est inclus le juste moyen d’existence. Cela signifie que l’on doit s’abstenir de gagner sa vie par une profession qui nuit aux autres comme : fabriquer et faire du commerce d’armes, de poisons mortels et autres armements. Il faut plutôt gagner sa vie dans une profession qui est honorable, sans fautes et qui ne nuit pas aux autres. Ici on voit très clairement que le bouddhisme est opposé à toute guerre, quand il est dit que le commerce avec des armes mortelles et du poison est un moyen vil et injuste de gagner sa vie.

Le bouddhisme estime que la vie est sacrée, la traiter avec la plus grande considération et le plus grand respect. Le premier précepte d’un bouddhiste est de s’abstenir de détruire la vie pas seulement la vie humaine, mais aussi la vie animale. « Tout le monde tremble à la vue d’armes, tous ont peur de la mort. En observant ce sentiment chez soi même on ne devrait ni tuer ni causer la mort car les autres ressentent la même peur que nous » dit le Bouddha dans le Dhammapada, vers 129. Des pensées d’amour et de compassion sont exprimées dans le discours sur l’amour universel. « puissent tous les êtres être heureux et en sécurité » en est le refrain.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui connaît une peur, une suspicion et une tension constante. La science a produit des armes qui sont capables d’une destruction inimaginable. En brandissant ces instruments de mort, les grandes puissances se menacent et se défient mutuellement en se vantant sans honte que les leurs pourraient causer plus de destruction et de misère dans le monde que ceux des autres. Est-ce qu’ils ont encore toute leur raison ? Est-ce que leur comportement est différent de celui des fous ? Est-ce que les gens peuvent avoir du respect ou de la foi en ce genre de dirigeant ? Ils sont allés tellement loin dans cette démarche folle que s’ils ne font qu’un pas de plus, même par erreur, le résultat en sera une annihilation mutuelle en même temps que la destruction de l’humanité - un holocauste global inimaginable. Des êtres humains qui craignent la situation qu’ils ont eux mêmes créée veulent trouver une issue et cherchent toutes sortes de solutions. Mais il n’y en a pas à part celle prêchée par le Bouddha dans son message de non violence, de paix, d’amour et de compassion, de tolérance et de compréhension, de vérité et de sagesse, de respect et de considération pour la vie, de l’absence de haine, de haine et de cruauté.

Le Bouddha a déclaré « La haine ne s’apaise jamais par la haine dans ce monde. Elle est apaisée par l’amour. Cela est une loi éternelle. » (Dhammapada 5) « Nous devrions vaincre la colère par la gentillesse, la méchanceté par la bonté, l’avare par la générosité et le menteur par la vérité. » (Dhammapada 223).

Il ne peut y avoir de paix ou de bonheur pour l’homme aussi longtemps qu’il aura le désir et la volonté de conquérir et de dominer ses voisins. Comme dit le Bouddha : « Le conquérant provoque la haine et le perdant reste allongé dans sa misère. Celui qui renonce aussi bien à la défaite qu’à la victoire est heureux et paisible. » (Dhammapada 201). « La seule conquête qui apporte le bonheur et la paix est la conquête de soi-même. Même si ont conquiert mille fois mille hommes dans une bataille, seul celui qui se conquiert lui-même est le meilleur conquérant » (Dhammapada 103).

De l’individuel au collectif

Qu’est ce qu’une nation, sinon une vaste agglomération d’individus ? Une nation ou un Etat ne pense ni n’agit. C’est l’individu qui pense ou qui agit. Ce que l’individu pense et fait c’est ce que la nation pense et fait. Ce qui s’applique à l’individu s’applique à la nation ou à l’état. Si la haine ou l’amour peuvent être apaisés chez l’individu, ils peuvent aussi se concrétiser au niveau national ou international. Même pour une seule personne il faut énormément de courage, d’audace, de confiance et de force morale pour répondre à de la haine par de l’amour. N’en est-il pas de même pour les affaires nationales et internationales ?

L’empereur (Asoka) avait exprimé ses remords par l’expression « plus de Kalinga » et disait qu’il était très douloureux pour lui de penser au carnage qu’il avait provoqué. Il déclara publiquement qu’il n’allait plus jamais brandir ses armes, ni faire aucune conquête, mais au contraire qu’il souhaitait à tous les êtres la non-violence, le contrôle d’eux-mêmes, la pratique de la sérénité et de la douceur. Il considère que la conquête par la piété (dhamma vijaya) est la conquête suprême. Celle-ci est valable dans ce monde et dans le monde à venir. Cette révolution mentale et spirituelle était le résultat de sa conversion au bouddhisme.

Cela est le seul exemple dans l’histoire d’un conquérant qui était au sommet de sa gloire et de son pouvoir, qui avait encore la force de continuer ses conquêtes territoriales mais qui renonça à la guerre et à la violence et se tourna vers la paix et la non-violence.

Il y a ici une leçon pour le monde de nos jours. Le chef d’un empire a ici tourné le dos publiquement à la guerre et à la violence, et embrassé le message de la non-violence et de la paix, et créa le premier Etat socialiste de l’histoire à partir de son empire. Il n’y a pas de preuves historiques que d’autres rois, contemporains d’Asoka, aient pris avantage de sa piété pour l’attaquer militairement, ou bien qu’il y ait eu des révoltes ou des rebellions dans son empire durant sa vie. Au contraire la paix régnait dans tout le pays, et même des pays en dehors de son empire semblent avoir accepté son pouvoir. Des nations puissantes de nos jours sont fabuleusement riches et leur puissance militaire est incroyable. Mais moralement ils sont lamentablement pauvres et couards. Quel est leur accomplissement, sinon le pouvoir de pouvoir détruire l’humanité ? Avec toutes ces richesses et ces pouvoirs, pourraient-ils contribuer à la paix et au bonheur dans le monde, libérer de la peur et de la destruction ? Même s’ils ne sont pas fous, ils ont sûrement honte d’eux mêmes.

Il est ridicule de parler du désarmement partiel. On doit dire de façon catégorique que les grandes puissances qui parlent de désarmement sont sans coeur ni sincérité.
Il est stupide de parler du maintien de la paix par l’équilibre des puissances ou par la dissuasion nucléaire. Le pouvoir des armements ne peut produire que la peur, et non la paix. Il impossible d’avoir une paix véritable et durable en brandissant la peur. De celle-ci ne provient que la haine, la malveillance et l’hostilité, réprimée un certain temps peut-être, mais prête à resurgir à chaque instant. Une paix véritable et réelle ne peut exister que dans une atmosphère de mettâ, c’est à dire de bienveillance, loin de la peur, de la suspicion et du danger.

Octobre 2000

05 décembre 2005

Uttara Sutta

Samyutta Nikaya II.19
Uttara le fils d'un dieu
Traduit du Pali par Thanissaro Bhikkhu.
Pour une distribution gratuite uniquement.

A Rajagaha. Alors qu'il se tenait à ses côtés, Uttara le fils d'un dieu récita cette strophe en la présence du bienheureux :

La vie court,
Sa durée est minime.
Pour celui qui est entraîné par la vieillesse
Il n'y a aucun abri.
Conscient de l'imminence de la mort,
On devrait faire de bonnes actions
Qui apportent le bonheur.
- La vie court,
Sa durée est minime.
Pour celui qui est entraîné par la vieillesse
Il n'y a aucun abri.
Conscient de l'imminence de la mort,
On devrait échapper au piège du monde
Et chercher la paix.

Suriya Sutta

Samyutta Nikaya II.10
La prière de protection de la divinité du Soleil
Traduit du Pali par Piyadassi Thera.
Pour une distribution gratuite uniquement.

Ainsi ai-je entendu, une fois le bienheureux demeurait près de Savatthi, à Jetavana au monastère d'Anathapindika. A ce moment Suriya, la divinité du soleil, était emprisonnée par Rahu, le seigneur des Asuras. Sur quoi, appelant le bienheureux par télépathie, Suriya, la divinité du soleil, récita cette strophe :

I. "O Bouddha, le Héros, tu es libre de tous les maux. Mon adoration pour toi est sans limites. Je suis en détresse. Sois mon refuge."

Sur ce, le bienheureux adressa cette strophe à Rahu, au nom de Suriya :

II. "O Rahu, Suriya a pris comme refuge le Tathagata, le sage. Relâchez Suriya. La compassion des Bouddhas rayonne sur le monde des êtres.

III. "O Rahu, ne faites pas disparaître les chasseur des ténèbres, le brillant, rayonnant voyageur du ciel. Rahu, relâchez Suriya, mon fils."

Là-dessus, Rahu, le seigneur des Asuras, relâcha Suriya et vînt immédiatement voir Vepacitta, le seigneur des Asuras et demeurait auprès de lui en tremblant de peur, ses cheveux dressés sur la tête. Alors Vepacitta s'adressa à Rahu avec cette strophe :

IV. "Rahu, pourquoi as-tu soudainement relâché Suriya ? Pourquoi es-tu venu en tremblant et pourquoi, terrifié, restes-tu là ?

- Le Bouddha m'a adressé une strophe. Si je n'avais pas relâché Suriya, ma tête se serait fendue en sept. Alors que je vis encore, j'aurais dû n'avoir aucune joie.

Candima Sutta

Samyutta Nikaya II.9
La prière de protection de la divinité de la Lune
Traduit du Pali par Piyadassi Thera.
Pour une distribution gratuite uniquement.

Ainsi ai-je entendu, une fois le bienheureux demeurait près de Savatthi, à Jetavana au monastère d'Anathapindika. A ce moment Candima, la divinité de la Lune, était emprisonnée par Rahu, le seigneur des Asuras. Sur quoi, appelant le bienheureux par télépathie, Candima, la divinité de la Lune, récita cette strophe :

I. "O Bouddha, le Héros, tu es libre de tous les maux. Mon adoration pour toi est sans limites. Je suis en détresse. Sois mon refuge."

Sur ce, le bienheureux adressa cette strophe à Rahu, au nom de Candima :

II. "O Rahu, Candima a pris comme refuge le Tathagata, le sage. Relâchez Candima. La compassion des Bouddhas rayonne sur le monde des êtres.

Là-dessus, Rahu, le seigneur des Asuras, relâcha Candima et vînt immédiatement voir Vepacitta, le seigneur des Asuras et demeurait auprès de lui en tremblant de peur, ses cheveux dressés sur la tête. Alors Vepacitta s'adressa à Rahu avec cette strophe :

III. "Rahu, pourquoi as-tu soudainement relâché Candima ? Pourquoi es-tu venu en tremblant et pourquoi, terrifié, restes-tu là ?

IV. "Le Bouddha m'a adressé une strophe. Si je n'avais pas relâché Candima, ma tête se serait fendue en sept. Alors que je vis encore, j'aurais dû n'avoir aucune joie."

Ogha-tarana Sutta

Samyutta Nikaya I.1
Traverser le courant
Traduit du Pali par Thanissaro Bhikkhu.
Pour une distribution gratuite uniquement.

Note du traducteur : Ce discours ouvre le Samyutta Nikaya sur un paradoxe. Le commentaire nous indique que le Bouddha enseigne à la déesse un paradoxe pour subjuguer son orgueil. Pour donner à ce paradoxe un contexte, vous pourriez lire d'autres passages du canon ayant pour objet l'effort juste.

Ainsi ai-je entendu, une fois le bienheureux demeurait près de Savatthi
dans la mangrove de Jeta, au monastère d'Anathapindika. Alors une certaine déesse, à l'aube, son éclat formidable éclairant la totalité de la mangrove de Jeta, alla vers le bienheureux. A son arrivée, s'étant inclinée devant lui, elle se tenait à ses côtés. Tandis qu'elle se tenait là, elle lui dit :
"Dites-moi, monsieur, de quelle manière vous avez traversé le courant.
- J'ai traversé le courant sans avoir avancé, sans être resté immobile.
- Mais comment, monsieur, avez-vous traversé le courant sans avoir avancé, sans être resté immobile ?
- Quand j'avançais, je me faisais emporter. Quand je restais immobile, je sombrais. Ainsi j'ai traversé le courant sans avancer, sans rester immobile.
- Enfin je vois
Un brahmane, totalement délié,
Qui, sans avoir avancé,
Sans être resté immobile,
A traversé
Les enchevêtrements
Du monde
C'est ce que la déesse dit. Le maître approuva. S'apercevant que "le maître m'a approuvé", elle s'inclina devant lui, tourna autour de lui, le gardant sur sa droite et alors disparut aussitôt.

Kindada Sutta

Samyutta Nikaya I.42
Un donateur de quoi ?
Traduit du pali par Thanissaro Bhikkhu.
Pour une distribution gratuite uniquement.

[Un dieu:]

Qu'offre un donateur de force ?
Qu'offre un donateur de beauté ?
Qu'offre un donateur de bien-être?
Qu'offre un donateur de discernement ?
Et qui donne tout ?
Vous ayant interrogé, veuillez m'expliquer.

[Le Bouddha:]

Un donateur de force offre de la nourriture.
Un donateur de beauté, des vêtements.
Un donateur de bien-être, un véhicule.
Un donateur de discernement, une lampe.
Et celui qui donne une demeure,
Est celui qui donne tout.
Mais celui qui enseigne la doctrine
Donne
L'immortalité.

A propos de Samiddhi

Samyutta Nikaya I.20
Traduit du Pali par Thanissaro Bhikkhu.
Pour une distribution gratuite uniquement.

Note du traducteur : Le canon pali est unique quant à son approche du monde des esprits. Tandis qu'il confirme l'existence d'esprits et d'autres plans d'existence plus sublimes, il insiste sur le fait qu'ils ne soient pas digne de vénérations. Le Bouddha, après tout, n'est pas seulement l'enseignant des êtres humains mais aussi des êtres célestes ; et beaucoup d'êtres célestes ne sont pas spécialement intelligents ou avancés spirituellement, malgré leur état sublime. Le canon illustre ceci avec plusieurs satires peu sévères. La plus fameuse est celle du Kevatta Sutta (DN 14), où l'ignorance et l'emphase d'un soi-disant créateur omniscient est tournée en dérision. Ce discours est un autre exemple du même acabit, soulignant les difficultés qu'il y a à enseigner une doctrine plus poussée à un être, humain ou divin, obsédé par les plaisirs sensuels. La déesse ne peut comprendre quelques strophes à propos d'un esprit éveillé, qui n'est pas sujet au temps et qui est visible ici et maintenant, et est uniquement capable de saisir quelques principes vraiment basiques de la pratique de la doctrine. C'est inhabituel pour le Bouddha de surestimer à un tel niveau ses auditeurs. Peut-être que dans ce cas, comme dans SN I, 1, il veut subjuguer l'orgueil de la déesse. Quoi qu'il en soit, il y a de l'espoir pour elle, comme le fait remarquer le commentaire, elle a une compréhension grossière du noble octuple sentier. Si elle approfondit sa compréhension, elle est sur la voie d'accomplissements plus grands encore.

Ce discours contient aussi quelques jeux de mots sur les mots "temps" (kala) et "sujet au temps" (kalika). Le temps peut non seulement vouloir dire le temps en un sens général, mais aussi le temps du trépas (d'une personne qui est morte, on dit qu'elle a "fait son temps"). Ces deux sens servent de base au premier échange entre le vénérable Samiddhi et la déesse. "Sujet au temps" peut signifier "que l'on peut se procurer seulement après un certain temps" ou "bon seulement pour un certain temps" : ces sens servent de base à leur second échange.

Ainsi ai-je entendu, une fois le bienheureux demeurait près deRajagaha au monastère de Tapoda. Alors le vénérable Samiddhi, tandis que la nuit touchait à sa fin, se leva et alla aux sources thermales de Tapoda pour se baigner. S'étant baigné et étant sorti des sources, il se laissait sécher vêtu seulement de sa robe du bas.

Alors une certaine déesse, à l'aube, son éclat formidable éclairant la totalité des sources thermales de Tapoda, approcha le vénérable Samiddhi. A son arrivée, tandis qu'elle était en l'air, elle s'adressa à lui avec cette strophe :

- Sans avoir joui,
Vous recherchez l'aumône, moine.
Vous n'allez pas rechercher l'aumône
Après avoir joui.
Ayant joui, moine,
Alors recherchez l'aumône.
Ne laissez pas le temps vous emporter.
- Je ne connais mon heure.
Mon heure
Est cachée.
Elle ne peut être vue.
C'est pourquoi, n'ayant pas joui,
Je recherche l'aumône :
Et ne laisse pas le temps m'emporter.

Alors la déesse, descendant sur terre, dit au vénérable Samiddhi :
- Vous êtes devenu ascète pendant votre jeunesse, moine, les cheveux bruns, doté des bénédictions de la jeunesse durant la première étape de la vie sans avoir profité des plaisirs des sens. Profitez de la sensualité humaine, moine. N'abandonnez pas ce qui est visible ici et maintenant en recherchant ce qui est sujet au temps.
- Mon amie, je n'abandonne pas ce qui est visible ici et maintenant en recherchant ce qui est sujet au temps. J'abandonne ce qui est sujet au temps en recherchant ce qui est visible ici et maintenant. Car le bienheureux a dit que les plaisirs des sensuels sont sujets au temps, provoquent beaucoup de souffrance, de désespoir et ont plus d'inconvénients que la doctrine, qui est visible ici et maintenant, n'est pas sujette au temps, invite tous à venir voir, est pertinente, doit être connue par les sages pour eux-mêmes.
- Mais, moine, de quelle manière le bienheureux a-t-il dit que les plaisirs sensuels sont sujets au temps, provoquent beaucoup de souffrance, de désespoir et de plus grands inconvénients ? Et comment est-ce-que cette doctrine est visible ici et maintenant, n'est pas sujette au temps, invite tous à venir voir, est pertinente, doit être connue par les sages pour eux-mêmes ?
- Je suis nouveau, mon amie, cela fait peu de temps que je suis venu vers cette doctrine et cette discipline. Je ne peux l'exposer en détail. Mais le bienheureux, digne et bien éveillé séjourne ici à Rajagaha au monastère de Tapoda. Ayant été le voir, demandez-lui ceci. La manière dont il l'explique est celle que vous devriez retenir.
- Moine, ce n'est pas facile pour nous d'aller voir le bienheureux car il est entouré d'autres dieux de grande influence. Mais si vous allez voir le bienheureux et lui posez des questions à ce sujet, je viendrais écouter la doctrine.
Répondant à la déesse, "Comme vous voulez mon amie.", le vénérable Samiddhi alla au bienheureux. A son arrivée, il salua le bienheureux et s'assit à ses côtés. Comme il était assis là, [il raconta au bienheureux la totalité de la conversation avec la déesse]. "Maintenant, si cette déesse disait la vérité, elle ne devrait pas être loin d'ici".
Quand ceci fut dit, la déesse dit au vénérable Sammiddhi : "Interrogez-le, moine ! Interrogez-le ! Je suis arrivée."
Alors le bienheureux récita cette strophe à la déesse :

- Percevant l'ensemble des agrégats comme des individus, les êtres
Se réfugient dans l'idée que les agrégats sont des individus.
Ne comprenant pas pleinement les cinq agrégats
Ils sont liés à la mort.
Mais celui qui comprend pleinement les agrégats,
Ne voit plus rien qui puisse être appelé individu.
Parce qu'il n'y a aucune raison pour lui de parler d'individu.
Si vous connaissez ceci, esprit, alors dites-le.

- Je ne comprends pas, seigneur, en détail le sens du bref exposé du bienheureux. Ce serait bien si le bienheureux parlait de manière à ce que je comprenne en détail le sens du bref exposé du bienheureux.

- Quiconque se croit 'égal', 'supérieur,' ou 'inférieur,'
Peut se disputer à cause de ça .
Alors que pour quelqu'un de détaché, 'égal', 'supérieur' ou 'inférieur'
N'existent pas.
Si vous connaissez ceci, esprit, alors dites-le.

- Je ne comprends pas, seigneur, en détail le sens du bref exposé du bienheureux. Ce serait bien si le bienheureux parlait de manière à ce que je comprenne en détail le sens du bref exposé du bienheureux.

- Ayant abandonné les classifications du langage,
Dépassé l'orgueil,
[L'arahant] a ici déraciné
La soif pour les noms et les formes :
Ses liens sont détruits,
Il est libre du malheur et du désir,
Bien que les humains et les dieux,
Ici et au-delà,
Dans les cieux ou dans n'importe quel séjour,
Le cherchent
Ils ne peuvent le trouver.
Si vous connaissez ceci, esprit, alors dites-le.

- Seigneur, voici comment je comprends en détail le sens du bref exposé du bienheureux :

Dans le monde entier,
Chaque monde,
On ne devrait faire aucun mal
Avec la parole,
Le corps,
On ne devrait penser au mal.
Ayant abandonné les plaisirs sensuels,
Attentif et vigilant,
On ne se lie pas à la souffrance,
Avec ce qui n'est pas orienté vers le but.

Arañña Sutta

Samyutta Nikaya I.10
La solitude
Traduit du Pali par Thanissaro Bhikkhu.
Pour une distribution gratuite uniquement.

Se tenant à ses côtés, une déesse s'adressa au bienheureux avec une strophe :

- Vivant dans l'isolement,
Demeurant paisibles, restant chastes,
Ne mangeant qu'un repas par jour,
Pourquoi leurs visages
Sont-ils si gais et sereins ?

- Ils ne se repentent pas du passé,
Ne se préoccupent pas de l'avenir.
Ils vivent dans le présent.
C'est pourquoi leurs visages
Sont gais et sereins.

Parce qu'ils se préoccupent de l'avenir,
Parce qu'ils se repentent du passé
Les sots se dessèchent
Comme un roseau vert coupé.